Survie dans la Jungle du Panama – Yatta !
Je me suis récemment retrouvé à bivouaquer dans la jungle panaméenne avec un ermite/ancien guérillero/guide touristique, à l’occasion d’un stage de survie.
En lisant « stage de survie », on pense « à la dure », Koh-Lanta, Totem d’immunité, Man vs Wild, Bear Grills en mode bite-couteau, boire de l’urine et dormir sous la pluie.
Il en fut largement autrement, et je vais vous expliquer pourquoi.
Ce stage de survie, c’est quoi ?
Initialement, ce devait être un stage de survie jungle en mode trek, sur 10 jours.
C’est à dire un peu de randonnée, des bivouacs par-ci par-là et des enseignements pratiques (ex: pêche, construction d’abri en feuilles de palmiers…) ou théorique (ex: pose de pièges à animaux…).
Beaucoup de pêche et de cueillette, mais rien d’indispensable, car on avait suffisamment de nourriture sur nous pour tenir le séjour.
Et une mise en situation « tu survis en galère on t’enlève ton sac et t’as plus rien » sur les deux derniers jours (en principe).
Le truc, c’est que j’étais un groupe de un stagiaire. Donc on a adapté le séjour suivant mes envies, et on a enlevé la dernière partie, parce que je me sentais pas de chasser le jaguar à mains nues (et surtout je voulais profiter de ma présence la bas avec un guide pour en découvrir un max).
On a également modifié le parcours à ma demande pour aller voir si un torrent avait du potentiel pour du canyoning, et je demanderai, un jour de pluie, de glandouiller un peu parce que bon, l’eau ça mouille…
On a aussi viré la partie « tu allumes un feu par frottement », parce que j’ai déjà fait, et franchement, j’avais pas envie de perdre une demi-journée pour recommencer. Donc ce sera briquet tous les jours.
En résumé, on pourrait qualifier cette expédition ballade de rando-découverte-bivouac-jungle.
Mon guide
Miguel, c’est un français qui est expatrié en Amérique latine depuis bien longtemps, et qui aujourd’hui vit dans la jungle au « Campamiento Jaguar » : un village de quelques cabanes qu’il a construit et qu’il gère avec Yanett, son associée panaméenne.
C’est un hébergement touristique assez rustique, mais étonnamment confortable pour sa situation. Un peu de panneau solaire, l’eau courante bidouillé sur une source, des douches et des toilettes… J’y passerai ma première et dernière nuit de l’aventure verte, au milieu des cris des singes hurleurs.
Miguel y vit en permanence avec ses chiens, ses chats, ses poules, ses scorpions, ses plantes médicinales… Il organise des excursions dans la jungle, à la journée, à la nuit, ou des stages de survie comme celui que j’ai suivi.
Il connait tout (ou presque) de la Selva (la forêt, en espagnol).
La préparation de l’expédition
Niveau matériel, j’ai reçu une liste hyper complète de la part de Yann Simon, ancien formateur des commandos jungle français et concepteur de survie-jungle.com , via lequel j’ai rencontré Miguel.
Sur place, je me rends compte que je peux me débarrasser d’une bonne partie des vêtements prévus : je jette la veste manche longue, le t-shirt suffira. Idem pour la paire de chaussure « sèche » du soir.
J’abandonne mes sweats (à tort) sur les conseils de Miguel.
Au final, j’ai chaussures de marche-pantalon-Tshirt-chapeau pour la journée, pyjama léger pour la nuit. Hamac, bâche, ficelle et sac de couchage léger pour dormir.
Un énorme sac avec un gros bidon étanche de 26L + un sac étanche pour tout garder au sec. Ma gamelle, suffisamment de médicaments pour soigner un camp de réfugiés (desquels je n’utiliserai qu’un peu de talc et une demi-pastille de chlore), un couteau, deux gourdes, une machette, une lime, du feu.
Niveau nourriture, on a fait les courses au supermarché avec Miguel, après qu’il m’ait récupéré à l’aéroport de Tokumen (Panama City). Chacun de nous emporte pour sept nuits : 7 portions de riz, 7 portions de polenta, de la farine de maïs pour faire des tortillas (just 4 fun), du sucre de canne en palet (la panela), des sachets d’assaisonnements, un pain de mie, un pot de beurre de cacahouète, du café ( local bien sûr!), un sachet de fromage au piment vert (??!!!) et de la viande fumée.
La viande fumée, c’est du porc mi-cuit et des mini-chorizo qu’on place en hauteur sur un barbecue histoire de les fumer/sécher. Avec moins d’eau dedans, ça se conservera plus longtemps !
Le parcours
L’idée, c’est de commencer par re-descendre de la colline où se trouve le camp de cabanes, pour aller voir les plantes qui poussent dans la plaine, au niveau de l’océan (on est tout proche de l’Atlantique).
Ensuite, on remontera une rivière, le Rio Piedras, pour monter un peu en altitude, et s’engager dans la jungle où plus personne ne va (à part Miguel et un groupe de stagiaires, environ une fois par an).
Au retour, on prendra un chemin de crête, à la fois pour couper et aussi pour faire une sorte de boucle.
Ce parcours ne fait que quelques kilomètres, mais il y a plusieurs raisons d’avancer si lentement :
– C’est seulement le premier et le dernier jour, lorsque nous sommes proche du camp, qu’il y a un sentier (utilisé pour les excursions à la journée de Miguel, le vacher du coin et les indiens bûcherons).
Autrement, on trace un layon, c’est à dire une piste dans la forêt (qui est clairsemée au sol), en donnant de temps à autres (toutes les 30 secondes) un coup de machette pour couper un arbuste ou une liane qui gène.
On ne peut pas suivre la rivière les trois quarts du temps, car même si c’est la saison sèche et que le niveau est bas; soit les pierres sont glissantes à cause de la pluie, soit elles font cinq mètres de haut sur un énorme tronçon (donc infranchissable avec ce qu’on a sur le dos). D’où son nom : Rio Piedras = Rivière des Pierres.
– Il y a plein de choses à voir, du coup, je m’arrête tous les 50 mètres pour regarder quelque chose ou le prendre en photo (bon, au troisième jours je n’avais plus de batterie). Comme je suis le seul stagiaire, on s’adapte à mon rythme, et mes arrêts ne gênent personne. A la fin, je prenais même le temps d’enlever mes chaussures pour traverser la rivière :p
– Il y a plein de choses à faire (pêcher, allumer le feu, cuisiner, se laver, faire des petits ateliers-survie pratiques…) et les journées sont courtes (la nuit noire tombe à 18h00). Donc on ne marche pas non plus 8 heures par jour. C’est plutot 3 ou 4h de marche, suivant les jours.
Cet article n’est que l’épisode 1, d’autres posts sont en prévision. N’hésitez pas à revenir prochainement pour en découvrir davantage sur la jungle, et découvrir le peu de photos que j’ai pu prendre (ou suivez @Grimpeurfou pour rester au courant).
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*** Survie dans la Jungle du Panama – Les plantes ***
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A venir (peut-être) :
*** Survie dans la Jungle du Panama – La pêche ***
*** Survie dans la Jungle du Panama – Les ateliers survie***
*** Survie dans la Jungle du Panama – La bouffe ***
*** Survie dans la Jungle du Panama – La vie quot’ ***
*** Survie dans la Jungle du Panama – Pourquoi pas vous ? ***
Note: Le titre de l’article « Yatta » signifie un truc du genre « Je l’ai fait/Woah, comment je pèse trop comme mec ! » en japonais. Vous pouvez découvrir la prononciation en regardant cette vidéo.