Survie dans la Jungle du Panama – Les plantes
Dans la jungle, tout est dépaysant dès le premier regard. La végétation est la première responsable, car aucune des plantes ne ressemble à ce qu’on trouve en France…
Je vais dresser un inventaire non-exhaustif de celles que j’ai pu croiser, avec les petites infos que mon guide Miguel m’a transmis lors du stage de survie au Panama. C’est classé dans le même ordre que dans la jungle, c’est à dire un peu n’importe comment…
Dans le Jardin de Miguel
Au « village » de cabanes de mon guide, il y a de nombreuses plantes : médicinales, aromatiques, ou encore de quoi manger. C’est l’occasion de voir de l’aloe vera et dans casser un morceau pour s’hydrater la peau (ça apaiserait les piqures d’insectes), des piments, du curcuma, et même des plantes dont je n’ai aucune idée du nom ou de l’utilité…
Miguel a aussi un jardin secret en pleine jungle, une sorte de prairie où il a jeté des poignées de graines. J’y ai cueilli des poignées entières de petites feuilles que j’ai mangées avec du riz. Ca avait un gout de citronnelle, mais encore une fois, je ne me souviens plus de ce que c’était…
Les fruits exotiques
Les bananiers : Ce sont des petites bananes de jungle, qu’on peut manger cuite pour faire un repas. Si on tombe sur un régime, votre survie est largement assurée pour la semaine! Pas de chance, je n’ai croisé que des bananiers sans fruits, à l’exception de ceux que j’ai vu dans le « jardin » de Miguel et en ville.
Les cocotiers : Seulement a basse altitude. On ramasse les noix de coco tombées au pied de l’arbre, en s’écartant vite pour ne pas risquer d’en prendre une sur la tête. Ensuite, il faut retirer la fibre a l’aide de la machette, pour faire apparaitre la graine. On taille un petit trou dedans, et on boit le jus directement, en se servant de la noix comme d’une gourde. C’est delicieux et desalterant! Pour l’ouvrir, il faut connaitre la technique : en tenant la noix dans une main, on donne des petits coups de machette sur tout le long de *l’equateur* de la noix. Ca doit etre une histoire de vibration car on ne coupe pas le bois, mais la noix s’ouvre en deux comme par magie quand on a tapoté le tour entier.
(Le cocotier rentre aussi dans la categorie « palmiers » plus bas)
Les citronniers : C’est toujours sympa d’en trouver (au niveau de la mer, comme les cocos) mais les citrons, c’est vraiment trop acide pour en profiter vraiment.
Les goyaviers : Les goyaves c’est trop bon! Ça a le même gout que le jus de goyave, sauf qu’il faut mâcher un peu plus 🙂 A noter: il n’y a pas de pépins relous, ça se mange très bien.
Les Marañón : Ces arbres sont trèèèès grands et font des énormes poires a la peaux rouges, et à la chair blanche. Les fruits ont à peu près le même gout, mais l’unique noyau la rend plus facile a manger qu’une poire classique.
Le cacao : encore à basse altitude seulement, on trouve des cacaotiers. Miguel récupère un fruit mûr (la cabosse), et on partage les fèves qui sont entourées d’une pulpe blanche. On met tout dans la bouche, on mange la pulpe et on recrache les fèves, qui serviront pour faire le chocolat ! Ces fèves sont d’abord torréfiées au coin du feu pour les faire sécher, puis dans le fond d’une gamelle jusqu’à ce qu’elle deviennent bien grillées. Enfin, il suffit de les écraser en poudre (des galets au bord de la rivière font très bien l’affaire) pour avoir du chocolat de la jungle ! Et si on mélange de la panela (sucre de canne) avec, c’est délicieux !
Les palmiers
Les palmiers servent à plein d’autres choses que faire de l’huile de palme. On parlera de « palmes » pour décrire ses feuilles. On peut manger les noix de coco ou les graines plus petites d’autres espèces, utiliser les palmes pour faire le toit des ranchos (article a venir), des pièges a écrevisses, des couverts en bois, ou encore des bijoux (avec les graines de Tagua, véritable ivoire végétal).
On peut aussi utiliser les racines aériennes du palmier qui marche comme une rape a coco.
Et enfin cœur de palmier, qu’on trouve dans la partie haute du tronc des palmiers plein de piquants. C’est mille fois meilleur que le truc vinaigré qu’on trouve en boite, par contre ça oblige a décapiter le palmier (mais il parait qu’il repousse après) et se battre avec les piquants.

Une arbre aux racines « parois » (derrière), un palmier à piquants (sombre au centre), et un palmier qui marche (devant à droite)
Les arbres en général
Ils sont super grands et leurs premières branches sont toujours situées très haut. Impossible de grimper dedans. Je suis monté sur le tronc d’un arbre déraciné : je ne voyais que du tronc de part et d’autre, impossible de voir ni les premières branches, ni les racines au milieu de cette jungle tellement le tronc était long. Plus tard, je trouverai la cause de sa chute. Les termites avait trouvé intelligent de creuser leur nid en plein milieu du tronc, à environ un mètre du sol.
D’autres arbres sont très beaux grâce a leurs racines, qui forment des parois verticales. Quand elles poussent suffisamment, elles se rejoignent pour former des alvéoles qui font un abri parfait pour les chauves souris.
On trouve également des arbres qui fabriquent des produits particuliers, comme par exemple :
Les arbres-vaches : ils produisent une sève abondante et blanche comme du lait, qui ressemble au latex. Aucune idée de ce qu’on peut en faire.
Les arbres « allume-feux » : ils fournissent un amas de résine à leur pied. Cette résine colle beaucoup, sent le camphre lorsqu’elle est fraîche, et brûle très bien. Attention toutefois en la ramassant, le pied des arbres est également le refuge des scorpions…
Les figuiers étrangleurs : ceux-là pourraient se ranger dans la catégorie des lianes. Ils poussent en grimpant autour d’un tronc d’arbre, et l’enserrent. Au bout d’un certain temps (très long), l’arbre support meurt et le figuier étrangleur forment un tube avec du vide au centre.
Les lianes
Dans la jungle, tout est très vertical. Les troncs des arbres, les lianes et les racines. En arrivant, on confond souvent lianes et racines : les unes poussent vers le haut en grimpant aux arbres, les autres poussent vers le bas. Oui oui, des plantes naissent à plusieurs dizaines de mètres de haut et envoient leurs racines vers le sol. Autre point important: les racines sont bien plus fragiles que les lianes. Conséquence : quand vous voulez faire tarzan au dessus de la rivière comme moi et que vous saisissez la « corde » végétale qui pend au dessus de l’eau, vous ne comprenez pas tout de suite que ce n’est pas une liane. Par contre, j’ai quand même fait preuve d’un minimum d’intelligence pour tester sa solidité avant et tirer un grand coup dessus. Jackpot : je me prends vingt mètres de racines sur la tronche, qui tombent en me fouettant bien.
Ça ne sera pas perdu, on s’en servira plus tard comme ficelle pour attacher les palmes à la structure d’un rancho.
Les lianes gourdes : certaines lianes ne sont pas toxiques, et on peut boire leur jus. Il suffit d’en couper un tronçon et ça coule en petit filet. Je pense qu’on a facilement vingt centilitres à boire dans deux mètres de liane. Attention, il faut absolument couper un tronçon (deux coupes), sinon il n’y a pas d’appel d’air et rien ne coule. Le jus a plutôt bon goût et est a peine sucré.
Les lianes « échelles de singe » :
Elles sont juste très jolies, avec leur forme ondulée. Elles se séparent en deux brins côte-à-côte en grandissant, d’où le terme « échelle ».
Les tubercules de lianes, ou « gnam »
Les locaux prononcent niam/gnam, on dirait plutôt « igname » chez nous. Il s’agit de gros tubercules à la chair très blanche, qui se cuisent comme de la pomme de terre, et qu’on trouve par paquet de dix kilos sous terre. Dans mon cas, les lianes en question était fanées, donc on ne voyait plus que la base de la plante qui fait un petit monticule. On creuse à la machette et c’est le gros lot, on a de quoi manger pour une semaine. Pour des questions de poids, j’ai ramassé seulement une demi-tubercule pour goûter.
Les lianes à nivrée : Ce sont des plantes toxiques, qui permettent d’empoisonner une rivière pour en pêcher les poissons. A ce que mon guide m’a dit, les poissons sont juste « endormis », mais ça semble un peu bourrin comme méthode, à éviter si on n’est pas vraiment en mode « survie ». La leçon à retenir, c’est qu’on ne peut pas boire ou manger n’importe quelle liane.
Les plantes vertes
Au sol, quelques fougères mais surtout des plantes vertes. Premier conseil de Miguel en me montrant des grosses feuilles au bivouac: « si tu les coupes, évite de les toucher à main nue, la sève est toxique ». Ambiance…
Sinon, il y a les feuilles de coq vraiment partout : ce sont des plantes à grandes feuilles vertes qui terminent par deux pointes. C’est celles la qui peuvent servir de récipient dans lequel faire bouillir de l’eau, a condition qu’elles ne soient pas trouées par les insectes (c’est moins efficace quand ça fuit…).
Les fougères quant à elles ressemblent aux nôtres, sauf pour les fougères arborescentes, héritage de la préhistoire qui seraient en voie de disparition m’a-t-on dit. Dans la jungle, on en rencontre sans difficulté.
Les fleurs
Au global, je n’ai pas vu beaucoup de fleurs: janvier c’est la fin de la saison sèche, peu propice a la floraison. J’ai quand même croisé quelques beaux spécimens, sur les plantes au sol ou sur les lianes. J’y ai vu beaucoup de passiflores, et aussi quelques fleurs rouges tombant en énormes grappes d’environ une mètre cinquante. J’ai également eu la chance de voir des fleurs « oiseaux de paradis », qui sont magnifiques.
Les épiphytes
Une mention spéciale pour des plantes a feuilles grasses qui poussent en l’air, sur les branches des arbres. Quand elles meurent, elles sèchent sur place, et si on a le bonheur d’en avoir à hauteur d’homme, c’est super pour démarrer un feu. Apres avoir découvert ça, j’en ai fait une réserve au sec au fond de mon sac et j’ai gagné un temps fou sur les feux suivants.
Les champignons
Ils poussent aussi là-bas. Pas grand-chose à dire dessus, sauf qu’ils ont un look ultra-funky avec leurs petits piquants, et je n’ai aucun idée de si ils se mangent ou pas.
Cet article est l’épisode 2 d’une série de posts en prévision. N’hésitez pas à revenir prochainement pour en découvrir davantage sur la jungle, et découvrir le peu de photos que j’ai pu prendre (ou suivez @Grimpeurfou pour rester au courant).
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bonjour ! article très intéressant , je vais effectué également se sage l’année prochaine, quelle « formule » avez vous pris ? le stage OCELOT ou le trek/raid ?
Bonjour, désolé pour la réponse tardive, il s’agit du stage Trek/raid. Je vous souhaite un très bon séjour.
bonjour,
quel est ton retour sur le trek? cela vaut il sont prix?
cdt
Hello Flo,
Ca valait carrément le coup (coût?) !
Je recommande à fond, pour peu qu’on aime la nature et qu’on ne soit pas trop attaché au confort.
merci pour ta rapidité et ta réponse, je vais me lancer alors 🙂