Canyoning, de la montagne à la mer

Le canyon du Dardu, en Corse, a été la plus belle descente que j’ai faite lors d’un séjour de 6 jours de canyoning non-stop.

Le canyoniste descend des rivières ou torrents, souvent encaissés, et s’affranchit des obstacles (cascades, ressauts rocheux), en sautant dans les vasques d’eau ou en descendant en rappel sur corde. Pour cela, il est équipé d’une combinaison néoprène pour faire face au froid de l’eau, d’un baudrier pour s’assurer lors des techniques de cordes, et d’un casque. On notera aussi l’utilisation de bonnes chaussures, car ce n’est pas facile d’en trouver qui adhéreront sur les rochers polis par la rivière, et rendus glissants par l’humidité.

Descente d’une cascade en rappel. Ça toboggue aussi !

Pour commencer cette descente, nous prenons le temps d’aller repérer l’arrivée.  Comme nous comptons descendre ce canyon jusqu’à la mer, et étant donné que les falaises qui la longent ne se prêtent pas à la marche, nous reviendront sur la plage la plus proche à la nage.

L’objectif de la descente : débarquer sur la plage à la nage

Avec les palmes, cela devrait nous prendre 45 minutes. Une fois la plage aperçue, nous nous mettons en route pour le départ, situé à environ 450mètres d’altitude. Nous mettons en place un système de « navette », en laissant un véhicule près de la plage, afin d’éviter une marche retour épuisante.

Le Dardu, c’est un cours d’eau qui passe sous la route côtière. Nous nous garons donc juste à coté, et nous nous changeons sous les yeux des touristes, dont les cars s’arrêtent au même endroit que nous pour profiter de la vue plongeante sur la mer. A voir des maillots de bain et des combinaisons de plongée aussi loin des vagues, ils ont l’air intrigués. On les comprend.

Le Dardu, vu de la route

On charge les cordes dans les « kits » (des sacs ultra résistants, percés de nombreux trous pour que l’eau s’évacue rapidement), et on se dirige vers le pont qui enjambe le Dardu. Deux solutions : descendre en désescalade coté amont, où sauter à l’eau coté aval. Nombreux d’entre nous choisissent la deuxième solution, et nous sommes de nouveau la curiosité des automobilistes lorsque nous sautons à tour de rôle depuis le parapet.

Un saut de 6 mètres, c’est rien pour un canyoniste, mais une mauvaise position à l’amerrissage me vaut quand même un nez qui saigne. On continue en marchant dans la rivière, et j’espère que ça s’arrêtera vite. Par chance, nous sommes très vite bloqué par un obstacle. Un petit barrage hydroélectrique, où nous devons installer un rappel d’une trentaine de mètres. J’attends que tout le groupe passe un par un, ce qui me laisse le temps de stopper mon hémorragie. Ouf !

Le micro-barrage, de dessous.

D’un perchoir près du barrage, on passe la corde dans le descendeur en « 8 », et on descend le long de la paroi en prenant bien soin de contrôler sa vitesse, en retenant la corde qui défile. En bas, on crie « Libre » pour signifier au suivant qu’il peut descendre à son tour, et on continue la route pour rejoindre les autres.

En canyon, on n’avance pas si facilement que ça. On marche tantôt les pieds dans l’eau, puis on saute de rocher en rocher, et on doit même nager par moment.

La progression se poursuit dans un cadre idyllique : le soleil de la Corse, le bruit de l’eau et la nature luxuriante tout autour de nous. Le groupe s’étale, ceux qui portent les cordes se pressent au devant des obstacles pour équiper et gagner du temps.

La descente en canyon nécessite ses propres techniques de cordes : le rappel débrayable permet de répartir les frottements du rocher sur la corde, ou encore de faire descendre celui qui est sur la corde sans aucune action de sa part. Pour cela, l’équipier qui installe le corde assiste tous les autres sur le passage de l’obstacle, généralement une cascade, puis descend en dernier. Il rappelle sa corde en tirant sur un brin, avant de la remettre dans son « kit » et de repartir dans le cours de la rivière.

Certains obstacles se passent sans corde : désescalade, saut dans l’eau qui peuvent atteindre des hauteurs impressionnantes ou encore contournement par le rivage lorsque c’est possible.

Un toboggan aquatique bien raide

Le plus attrayant étant pour moi le toboggan : pas besoin d’explication, il suffit de se laisser glisser sur la roche pour arriver dans l’eau. Ce n’est pas parce que les toboggans sont liés à l’enfance dans la conscience collective qu’il s’agit d’un truc de fillette. Je me suis dégonflé devant certains,  dont un qui impliquait une chute de 8 mètres après une glissade spectaculaire, pour atterrir dans une vasque sur laquelle on n’avait pas de visibilité.

Après quelques heures de crapahutage, il est temps de faire une pause. Heureusement, les bidons étanches le sont restés, et nous pouvons profiter de notre pique-nique, en lézardant sur les rochers ensoleillés.

Du canyon à la mer !

Du canyon à la mer !

Ensuite, nous franchissons les derniers passages intéressants sans difficulté : une verticale d’une trentaine de mètres, et un joli toboggan rapide mais facile.

Enfin, c’est le début de la fin : nous voyons la mer devant nous. Encore quelques mètres et nous enfilons les palmes. Heureusement, nos sacs flottent, car ils sont garnis de mousse pour la plupart. Les bouteilles vides qu’ils contiennent améliorent encore leur flottaison, et nous facilitent la nage.

Enfilage de palmes

Enfilage de palmes

On se met à l’eau, et nous commençons à longer la côte. Une surprise nous attends : c’est pas facile de nager avec des palmes. Entre ceux qui tabassent la surface de l’eau en mode bateau mouche, ceux qui la tente en mode « Masque + Tuba » sans savoir réellement l’utiliser et ceux qui ont acheté les palmes 1er prix grand comme un ticket de métro, la nage s’annonce longue.

Kit + bouteilles vides + palmes =  Poisson

Kit + bouteille vide + palme = Poisson

Finalement, les 45 minutes annoncés par le topo étant largement surestimées pour les bons nageurs, c’est le temps qu’il nous faut pour atteindre la plage. En sortant de l’eau accoutrés comme des nageurs de combats au milieu des baigneurs , nous sommes encore une fois l’attraction.

C’est fini, mais cerise sur le gâteau : on profite de la plage, et on se permet même de remettre le masque pour aller voir les poissons !

Découverte du monde sous-marin de la Méditerranée

Découverte du monde sous-marin de la Méditerranée

Le canyon du Dardu, c’est une très belle aventure Corse, à tenter bien accompagné !